Le contrat de transition écologique fait (presque) consensus.

Présenté aux élus le 20 septembre à la Conférence des villes, le CTE (contrat de transition écologique) a été commenté par le Cese (Conseil économique, social et environnemental) dans le cadre de sa saisine sur les modalités d’organisation et d’animation de la transition écologique à l’échelon local. Ces contrats seront expérimentés sur une quinzaine de territoires début 2018 avant la présentation de la doctrine définitive à la conférence des territoires en décembre prochain.

Les conclusions du Cese préconisent un « cadre pérenne » pour donner le temps aux territoires de mener à bien les projets ainsi que des objectifs « ambitieux » avec des « indicateurs précis » pour susciter l’adhésion des territoires. Le CLER (Réseau pour la transition énergétique) et la FNE (France Nature Environnement) partagent largement ces recommandations mais auraient aimé aller plus vite : »Il ne faut pas se cantonner à l’expérimentation et le proposer d’emblée à l’ensemble des territoires qui sont prêts« , estime le CLER. L’aspect financier est aussi l’objet de divergences puisque l’Etat n’a pas prévu de fonds spécifiques comme le demande le Cese « pour les rendre crédibles et attractifs« , mais simplement la création d’un guichet unique rassemblant les financement existants. Le Cese va même plus loin et propose des contrats d’objectifs assortis d’un dispositif de versements proportionnels en fonction des objectifs atteints.

Enfin, face aux évolutions que la transition écologique va engendrer sur les bassins d’emplois, le Cese alerte sur l’importance du volet social. Pour ne pas oublier cette composante, le Cese propose d’ailleurs de rebaptiser ces contrats « contrat de transition écologique et solidaire » (CTES). Cette recommandation reçoit un échos favorable du ministère qui entend bien suivre la ligne de son ministre « la transition écologique sera solidaire ou ne sera pas. ».

Pour d’information sur les recommandations du Cese:
http://www.lecese.fr/travaux-publies/la-transition-ecologique-et-solidaire-lechelon-local

Le mirage des utilitaires à batterie

Mercedez annonce la sortie de son eVito, un utilitaire à batterie calqué sur le modèle thermique Vito. L’objectif est certainement de se faire une (petite) place sur ce marché de l’utilitaire électrique pour ne pas être oublié lors du décollage de ce segment. Mais décollage y aura-t-il? C’est ici l’occasion de rappeler quelques points techniques.

Avec une batterie de 41,4 kWh, l’autonomie annoncée (et non réelle) de ce van est de 150 kilomètres. En réalité, au quotidien, cette autonomie devrait plutôt tourner autour de 120 kilomètres, voire 100 si le véhicule est à pleine charge, la température basse ou assez élevée pour nécessiter l’utilisation de l’air conditionné sauf, encore, si l’on adopte une conduite rapide (dépassant les 80 km/h). De plus, le temps de recharge est de six heures, ce qui rend ce véhicule très contraint dans son cycle d’utilisation. On imagine difficilement un livreur ou un artisan adapter sa journée de travail à ce temps de charge et à cette autonomie.

Tout ceci pour rappeler que la technologie batterie, même avec un prix compétitif, ne permet pas de répondre techniquement/opérationnellement au marché de l’utilitaire. Le besoin de charge utile et la flexibilité attendue sur ce segment de marché ne peuvent pas être adressé avec la densité énergétique de cette technologie. Les technologies de l’hydrogène voire du gaz naturel sont bien plus adaptées et compétitives sur ces créneaux avec un service rendu supérieur au thermique.

Ceci est d’autant plus valable quand la distance s’allonge et que la charge augmente à l’exemple des semi-remorques. C’est pourquoi la récente sortie du modèle Semi de Tesla est certes un très bon coup de com’ mais ne sera pas un produit adapté au marché de part son coût, sa charge utile et sa contrainte d’exploitation (recharge).

Mercedes-Benz Vans annonce une autonomie de 150 kilomètres pour son eVito.

COP23: Les U.S.A n’ont pas dit leurs derniers maux

Retour sur un événement marquant de la COP23: L’intervention des Etats-Unis pour défendre les énergies fossiles.

« Il ne fait pas de doute que les énergies fossiles vont continuer à être utilisées », a déclaré George David Banks, assistant spécial du président Donald Trump pour l’environnement. Mais « il est dans l’intérêt de tous que, lorsque des énergies fossiles sont utilisées, elles soient aussi propres et efficaces que possible », a-t-il ajouté. Les énergies fossiles ne sont pas la seule solution, « les énergies renouvelables ont un avenir brillant et joueront un rôle essentiel » pour l’accès à l’énergie des pays en voie de développement, a ajouté M. Banks. Mais cela suppose « des avancées dans les technologies de stockage et de transmission (…), des innovations qui les rendent vraiment compétitives », a-t-il souligné. D’ici là, l’idée que le monde peut « atteindre des objectifs climatiques ambitieux, soutenir comme il le faudrait le développement des pays pauvres et assurer l’accès à l’énergie uniquement en déployant (des énergies) solaire et éolienne est naïf. Voilà la réalité », a insisté le conseiller du président Trump.

L’intervention de M. Banks, bien qu’inappropriée au lieu et au moment, a le mérite de soulever le point épineux du rôle des énergies fossiles dans la transition énergétique.

Les besoins auxquels répondent les énergies fossiles aujourd’hui (transport, production électrique, chauffage) peuvent tous être adressés par les ENR et les vecteurs associés (batterie, hydrogène). Il n’y a donc pas de barrières technologiques contrairement à ce qu’avance l’administration Trump. La contrainte technique se trouvant plutôt du côtés des technologies CCS qui n’ont pas encore fait leur preuve à une échelle significative.
La question du coût est aussi hors de propos à la vue des LCOE pour l’année 2017 (voir diagramme ci-dessous). De plus, ces coûts n’intègrent pas un prix du carbone qui viendrait jouer un peu plus en faveur des ENR.

Alors quelles sont les raisons qui pousserait un pays à conserver les énergies fossiles dans le mix énergétique à venir?

  • Stratégique (pays producteur): exploitation d’une ressource locale et donc avantage compétitif.
  • Sociale: La sauvegarde des industries (et donc des emplois) des secteurs du pétrole, du charbon, du gaz et du nucléaire.
  • Financière: La vision court-termiste des investissement financier (rentabilité immédiate). Le LCOE étant une vision globale et long terme.
  • Economique (Nucléaire et automobile): le faible coût marginal, maintenant que les installations sont amorties (centrale ou réseau de distribution).

Ces raisons ne sont pas à négliger compte tenu de leur impact sur les décisions d’un pays. Elles peuvent d’autant plus nous aider à comprendre la démarche des Etats-Unis qui semblent tellement à contre sens de la mouvance mondiale.

Ci-dessous le comparatif des LCOE pour les ENR et les énergies fossiles (Source: LAZARD)

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