Carbon Wars #1: Histoire et définition

Définition

Selon la Banque Mondiale, « donner un prix au carbone contribue à faire peser le poids des dommages découlant des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur ceux qui en sont responsables et qui sont en mesure de les faire baisser ».
Il existe deux principaux types de mécanisme pour fixer ou faire émerger un prix du carbone :

  • Les taxes carbone :

La taxe carbone est une taxe ajoutée au prix de vente de produits ou de services en fonction de la quantité de gaz à effet de serre, émis lors de leur utilisation. (INSEE)

  • Les systèmes d’échange de quotas soit le concept de marché du carbone:

Ils consistent à attribuer un prix aux droits à émettre des GES afin d’inciter des acteurs – États ou entreprises – à réduire leurs propres émissions en échangeant entre eux des « droits à polluer ». Un « quota » correspond généralement à l’autorisation d’émettre une tonne d’équivalent de dioxyde de carbone (CO2e) et constitue un étalon communément accepté pour les échanges.

  • Autres concepts de prix carbone

(Dé)Valorisation d’actifs : Un prix du carbone appliqué au stock existant de capital et un autre appliqué aux nouveaux investissements à bas carbone.

Corridor Carbone : Un prix minimum de 15 à 20 $/tonne CO2 avant 2020 et un prix cible de 60 à 80 $/tonne CO2 en 2030/2035.

Mécanisme de développement propre : Une entreprise d’un pays développé investit pour un projet de développement à faible intensité carbone dans un pays en voie de développement. L’entreprise rapatrie la valeur financière des émissions de CO2  évitées par rapport à un projet similaire intense en carbone. Il peut aussi polluer lui-même dans les proportions de ce que son investissement a évité.

L’objectif

La Commission de haut niveau sur le prix du carbone décidée à la COP 22 de Marrakech, en novembre 2016, a présenté son rapport le 29 mai 2017 : pour atteindre l’objectif de 2 degrés de réchauffement fixé par l’Accord de Paris sur le climat, le prix de la tonne de carbone devra dépasser 40 dollars en 2020 et tendre ensuite vers les 80 dollars ; selon les experts de cette commission coprésidée par Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, et Nicholas Stern, ancien vice-président de la Banque mondiale, ce prix devra être compris entre 50 et 100 euros la tonne dès 2030.

Historique

L’idée de donner un prix au carbone était déjà présente en 1992 au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro. Le protocole de Kyoto de 1997 prévoyait l’instauration d’un marché du carbone mais par manque de détail sur l’application de ce marché il a fallut attendre les Accords de Marrakech en 2001 pour débuter le processus.

Ce système était inspiré d’un outil américain développé dans les années 1990 afin de contrôler les émissions de dioxyde de soufre, qui avait permis de diviser par deux ces émissions en quelques années. Le changement d’échelle de cet outil (passage de 2000 à 12000 acteurs concernés) a rendu la mise en œuvre difficile d’autant plus qu’au départ, l’Union européenne a émis trop de quotas puis a été victime de la crise économique de 2008, si bien que la plupart des installations se sont trouvées excédentaires, et le prix du carbone s’est effondré : il fluctue entre 5 à 7 €/tonne CO2 depuis 2012. A cela s’ajoutent de nombreuses fraudes : fraudes à la TVA, vols de quotas, installations qui ferment mais qui conservent leurs allocations, ainsi que des détournements du « mécanisme de développement propre ».

Dans le sillage de l’UE, plusieurs pays ont lancé leurs propres initiatives comme la Chine, l’Afrique du Sud et le Mexique. La Norvège fait figure de bon élève puisqu’elle possède une taxe carbone depuis 1991, et environ la moitié de l’ensemble de ses émissions de GES sont compensées à l’heure actuelle.

L’état de l’art du prix carbone à travers le monde sera traité dans un article dédié. Coming soon…

K.H.

Quand Ecologie et Economie travaillent ensemble

Le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a annoncé lundi un « changement d’échelle » de la transition énergétique, avec un « quasi » doublement des appels d’offres sur le solaire.

« Avec (le ministre de l’Économie) Bruno Le Maire, nous sommes en train de préparer un accélérateur de la transition écologique, et notamment de la transition énergétique, pour changer d’échelle », a déclaré M. Hulot lors d’une visite de parc éolien à Juillé (Sarthe). « On va changer d’échelle dans les appels d’offres, que l’on va quasiment multiplier par deux sur le solaire. On va changer d’échelle en essayant de rendre acceptable tous ces projets et de sortir d’une position conflictuelle », a-t-il ajouté.

Le ministre a indiqué vouloir faire « de la pédagogie » pour que les Français « voient les bénéfices » des énergies renouvelables, notamment « en développant l’autoconsommation », « pour qu’à terme chaque territoire, chaque citoyen, s’il le décide, puisse produire sa propre énergie pour sa propre consommation ».

A Juillé, M. Hulot a ainsi visité un parc de six éoliennes financé par la coopérative agricole des Fermiers de Loué et dont la production est censée couvrir la consommation d’électricité des 1 100 éleveurs de la filière en Sarthe et Mayenne. « L’agriculture doit être partie prenante de la transition énergétique », a relevé M. Hulot. « L’agriculture a pu être, en matière climatique, un problème. Elle peut aussi être une solution » en permettant « la diversification de notre mix énergétique », a-t-il ajouté. « Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. L’avenir de l’énergie, c’est la diversité », a affirmé le ministre, en tenant une boîte d’oeufs de Loué à la main.

Interrogé sur le nucléaire, il a affirmé qu’il y aurait « évidemment une baisse précise » de la part de l’atome dans la feuille de route énergétique de la France d’ici à 2023 (baptisée PPE pour programmation pluriannuelle de l’énergie). « Cela fait partie des quatre piliers de la transition énergétique. Qu’on soit pour ou contre le nucléaire, il y a un consensus: il faut en réduire la part », a-t-il déclaré.

« La grande différence, c’est que je mets en oeuvre la réduction du nucléaire. Jusqu’ici, il n’y a pas un pas qui avait été fait », a ajouté le ministre. « Chemin faisant, on verra jusqu’où on doit aller. Mais les 50% (de part du nucléaire) restent un des quatre piliers de la transition énergétique », a rappelé M. Hulot.

L’électricité Polonaise à contre courant

Le groupe énergétique polonais Enea a inauguré mardi dans sa centrale électrique de Kozienice (centre) une tranche charbon de 1 075 mégawatts, la plus grande d’Europe, selon l’entreprise, réalisée par le Japonais Mitsubishi Hitachi Power Systems.

« La tranche B11 est la plus grande et la plus moderne en Europe », a souligné Krzysztof Figat, président de la branche production, Enea Wytwarzanie, contrôlée par l’Etat polonais, lors de la cérémonie de lancement retransmise en direct sur internet. La nouvelle unité, onzième sur ce site et représentant un investissement de 1,5 milliard d’euros, portera la capacité globale de Kozienice à près de 4 000 MW. Elle consommera 3 millions de tonnes de charbon par an, provenant essentiellement de la mine Bogdanka, dans le sud-est de la Pologne.

Le charbon constitue la base du système énergétique polonais. Environ 100 000 personnes sont employées dans le secteur du charbon dans le pays qui produit 90% de son électricité dans des centrales à charbon et à lignite. La plus grande centrale polonaise à lignite, située à Belchatow (centre), affiche une capacité de près de 5 300 MW ce qui la place parmi les trois plus grands sites du genre dans le monde.

Alors que la part du charbon et du lignite ne cesse de baisser dans la production d’électricité de l’UE, le gouvernement conservateur de Droit et Justice (PiS) avait déclaré son attachement au charbon, pourtant peu compatible avec le concept de l’énergie verte. « La nouvelle unité augmentera la sécurité énergétique de la Pologne et des Polonais, qui est une priorité économique et politique de notre pays », s’est félicité le nouveau Premier ministre Mateusz Morawiecki.

Le gouvernement du PiS a freiné le développement des éoliennes et tarde à décider s’il doit construire ou non la première centrale nucléaire polonaise. Régulièrement, le taux de pollution de l’air en Pologne est parmi les plus élevés d’Europe. Lundi, la Pologne a respiré l’air le plus pollué du continent, selon une étude de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).

Environ 70% des ménages polonais brûlent du charbon de mauvaise qualité, voire des déchets, dans leurs vieux poêles, et une grande partie de l’électricité vient de centrales à charbon datant de l’époque communiste. Aussi la Pologne figure-elle parmi les pays le plus pollués de l’UE.