Bilan du One Planet Summit

Désengagement des énergies fossiles, pression sur les entreprises pour « verdir » leurs activités, coalitions: le « One Planet Summit » sur le climat, mardi à Paris, a été l’occasion pour les acteurs économiques et financiers d’annoncer plusieurs engagements contre le réchauffement.

Pétrole et gaz

La Banque mondiale a annoncé qu’elle arrêterait de financer après 2019 l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz. Elle est la première banque multilatérale à prendre un tel engagement. En 2016, ses financements dans l’industrie pétrolière et gazière ont représenté près d’1,6 milliard de dollars, soit moins de 5% de la totalité des fonds accordés.

A partir de 2018, elle publiera tous les ans les émissions de gaz à effet de serre des projets qu’elle finance dans les secteurs les plus émetteurs, comme l’énergie. Elle entend généraliser la prise en compte d’un prix interne du carbone dans ses futurs investissements.

Charbon

L’assureur Axa a annoncé qu’il renonçait à assurer et à investir dans toute entreprise engagée dans la construction de centrales à charbon. Le groupe français compte aussi retirer près de 2,5 milliards d’euros d’investissements dans le secteur. Axa a promis de se désengager à hauteur de 700 M d’euros des projets liés aux sables bitumineux. Il va en parallèle accroître de 9 mds d’euros ses investissements « verts » (infrastructures…) d’ici à 2020.

La banque néerlandaise ING s’est engagée à « accélérer la baisse » des financements des centrales à charbon. D’ici à 2025, elle ne financera plus que les producteurs d’électricité utilisant moins de 5% de charbon et arrêtera de financer directement les projets de centrales à charbon.

Adaptation climatique

La fondation Bill Gates va consacrer 315 M de dollars à la recherche en agriculture pour aider les plus pauvres, notamment en Afrique, à s’adapter au changement climatique. La Commission européenne mobilisera 318 M de dollars pour cet objectif.

L’Agence française de développement (AFD) a signé, dans le cadre d’un dispositif de 30 M d’euros sur quatre ans, des accords avec l’île Maurice, les Comores, le Niger et la Tunisie, pour les accompagner dans l’adaptation aux impacts des dérèglements (systèmes d’alerte, lutte contre l’érosion…). Le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux, a reconnu que « l’adaptation » était « le parent pauvre » de la finance climat, tournée plutôt vers la réduction de émissions (énergies renouvelables, transports propres…).

La Banque mondiale a annoncé qu’elle prêterait 4,5 mds USD sur trois ans pour permettre à 150 villes de résister aux impacts et qu’elle les aiderait à attirer des financements privés. Les collectivités ont fait valoir leur rôle mais leur difficulté à accéder à certains fonds.

Risque climatique

237 entreprises se sont engagées à améliorer leur prise en compte du risque climatique dans leurs activités. Parmi elles, 20 des plus importantes banques et 80% des gestionnaires d’actifs, comme HSBC ou l’assureur AXA.

Elles comptent publier « leur stratégie pour gérer les risques (climatiques) mais aussi pour saisir les opportunités » qu’offre la lutte contre le réchauffement.

Entreprises sous surveillance

Un groupement de plus de 200 grands investisseurs, dont HSBC et le plus gros fonds de pension public américain (CalPERS), a décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus polluantes, pour qu’elles améliorent leur gouvernance sur le climat, réduisent leurs émissions et renforcent la publication de leurs informations financières relatives au climat.

La liste des cent entreprises visées (« ClimateAction 100+ »), comprend de grands groupes pétroliers et gaziers (BP, Chevron, Coal India…), des acteurs du secteur des transports (Airbus, Ford, Volkswagen…), et des groupes miniers et sidérurgiques (ArcelorMittal, Glencore…).

Pendant cinq ans, ces 225 investisseurs, qui représentent 26.300 mds de dollars d’actifs sous gestion, vont suivre de près ces entreprises. Si elles font des progrès, elles pourront être retirées de la liste.

Budgets verts

Le président de l’OCDE a annoncé le lancement d’une initiative baptisée « Paris Collaborative on Green Budgeting », à laquelle la France et le Mexique vont adhérer, et qui doit contribuer à l’élaboration de méthodologies pour établir des « budgets nationaux +verts+ ».

Fonds souverains

Norvège, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Qatar, Koweit et Nouvelle-Zélande lancent, à l’initiative de la France, une coalition de fonds souverains pour flécher des financements vers l’action climatique.

Banques centrales

Huit banques centrales et autorités de supervision (France, Mexique, Angleterre, Pays-Bas, Allemagne, Suède, Singapour, Chine) s’unissent dans un réseau pour échanger leurs points de vue et expériences. Le but: accélérer la prise en compte des enjeux climatiques dans la supervision financière et dans le refinancement des banques commerciales, le tout pour promouvoir un développement ordonné de la finance verte. Une conférence internationale est prévue en avril 2018 à Amsterdam.

Prix du carbone

Le Chili, la Colombie, le Mexique, le Costa Rica et plusieurs Etats américains (Californie et Washington) et provinces canadiennes (Ontario, Québec, Colombie Britannique…) ont lancé une initiative pour développer leurs marchés du carbone et s’engagent à aller vers une plus grande coordination entre eux.

Neutralité carbone

La coalition neutralité carbone annoncée pendant la COP 23 s’ouvre à 33 nouveaux acteurs (régions, entreprises et pays) et s’engage à publier dès 2018 et au plus tard en 2020 une trajectoire « neutralité carbone » à l’horizon 2050.

Obligation verte

Le Premier ministre belge Charles Michel a annoncé que son pays émettrait l’an prochain une obligation verte souveraine de 5 milliards d’euros, devenant ainsi le deuxième pays de la zone euro après la France à agir de la sorte.

La bataille de l’Arctique

La semaine dernière la production de gaz naturel liquéfié (GNL) a commencé sur la première ligne de production du mégaprojet Yamal. Toujours dans l’Arctique, l’Etat Norvégien a accordé la semaine dernière un permis d’exploitation en mer de Barens au pétrolier national Statoil. Ces deux annoncent font monter l’inquiétude (et la colère) dans les ONG environnementales qui ont poursuivi l’Etat Norvégien pour sa décision.

Est-ce le signe annonciateur de la fin de l’immunité Arctique? A vrai dire l’Arctique a encore l’espoir d’en réchapper pour plusieurs raisons. D’abord, l’intérêt financier de tels projets est limité car le coût d’exploration et d’exploitation est très important. Ce genre de projet fait d’ailleurs souvent l’objet de consortium complexe entre les Etats et plusieurs compagnies pétrolière afin de diminuer le risque financier. Ensuite, les conditions météo sont particulièrement difficiles ce qui rend le niveau technique et technologique de ces installations très exigent, causant du délai et des prévisions de production difficiles. Enfin, la mobilisation des ONG est très forte sur la thématiques des nouvelles explorations dans ce secteur. On se souviendra notamment de la campagne de GreenPeace contre Shell qui avait été conclue par l’abandon du pétrolier de son projet de forage dans l’Arctique.

Cependant toutes ces raisons sont relatives au prix de baril. Aujourd’hui la conjoncture rend l’or noir (et donc le gaz) bon marché à 57$ le baril de BRENT, ce qui limite les investissements, mais combien de temps tiendra le Grand Nord quand le baril reprendra 3 chiffres? Une crise au moyen orient à court terme ou un peak oil à moyen terme suffirai à relancer les explorations ambitieuses sous les banquises quasi-éternelles du pôle Nord.Résultat de recherche d'images pour "gisement arctique"

Source carte: Le Figaro

K.H.

Le contrat de transition écologique fait (presque) consensus.

Présenté aux élus le 20 septembre à la Conférence des villes, le CTE (contrat de transition écologique) a été commenté par le Cese (Conseil économique, social et environnemental) dans le cadre de sa saisine sur les modalités d’organisation et d’animation de la transition écologique à l’échelon local. Ces contrats seront expérimentés sur une quinzaine de territoires début 2018 avant la présentation de la doctrine définitive à la conférence des territoires en décembre prochain.

Les conclusions du Cese préconisent un « cadre pérenne » pour donner le temps aux territoires de mener à bien les projets ainsi que des objectifs « ambitieux » avec des « indicateurs précis » pour susciter l’adhésion des territoires. Le CLER (Réseau pour la transition énergétique) et la FNE (France Nature Environnement) partagent largement ces recommandations mais auraient aimé aller plus vite : »Il ne faut pas se cantonner à l’expérimentation et le proposer d’emblée à l’ensemble des territoires qui sont prêts« , estime le CLER. L’aspect financier est aussi l’objet de divergences puisque l’Etat n’a pas prévu de fonds spécifiques comme le demande le Cese « pour les rendre crédibles et attractifs« , mais simplement la création d’un guichet unique rassemblant les financement existants. Le Cese va même plus loin et propose des contrats d’objectifs assortis d’un dispositif de versements proportionnels en fonction des objectifs atteints.

Enfin, face aux évolutions que la transition écologique va engendrer sur les bassins d’emplois, le Cese alerte sur l’importance du volet social. Pour ne pas oublier cette composante, le Cese propose d’ailleurs de rebaptiser ces contrats « contrat de transition écologique et solidaire » (CTES). Cette recommandation reçoit un échos favorable du ministère qui entend bien suivre la ligne de son ministre « la transition écologique sera solidaire ou ne sera pas. ».

Pour d’information sur les recommandations du Cese:
http://www.lecese.fr/travaux-publies/la-transition-ecologique-et-solidaire-lechelon-local